lundi 20 septembre 2010

le "suicide" assisté

Le Québec fait face à une autre grande question fondamentale…mais est-elle si fondamentale que ça? Le débat sur l’euthanasie assistée, aussi connu sous le droit à mourir dignement, me dérange beaucoup. En tant que communicatrice, je connais bien l’importance du choix des mots dans les discours. Cependant, peut importe le choix des mots, les faits restent des faits, et dans ce cas, la réalité est qu’on parle de la légalisation d’une assistance au suicide. J’ai deux points dont j’aimerais discuter : la cohérence et l’apprentissage des erreurs.

Je prône ici la cohérence dans les pensées et les actions. Il a été prouvé que la souffrance des gens qui sont en phase terminale du cancer par exemple, n’est pas principalement physique (avec la morphine et les antidouleurs), elle est davantage psychologique. Je consens que cette douleur doit être inimaginable pour vouloir mettre fin à sa vie, mais il ne fait pas oublier qu’il y a des jeunes et des adultes de tous les âges (pas du tout malade) qui ressentent cette douleur et ce désespoir au point de se suicider. En amenant le débat sur l’euthanasie assistée, on amène nécessairement le débat sur le suicide. Qui est-ce qui est POUR le suicide? Comment gérer le cauchemar après une législation si quelqu’un aide son meilleur ami à se pendre? Ce sont pourtant les mêmes arguments de souffrance et de délivrance qu’on entend dans ce débat. La souffrance psychologique peut être soulagée. Il ne faut pas que l’excuse d’être malade nous enlève ce désir d’aider ces gens qui sont au désespoir. Que ferions-nous si un jeune venait nous voir, nous racontait ses souffrances et nous demandait de l’aider à en finir? En tout cas, moi je voudrais le convaincre que chaque seconde de la vie vaut la peine d’être vécue…

Prenons l’exemple la législation de l’avortement. Il a été légalisé parce que le débat s’est passé autour d’exemples extrêmes tel que la jeune fille violée par son père, ou dans le cas où l’église qui priorisait le bébé au détriment de la mère qui pouvait en mourir… Des exemples très véridiques et légitimes. Mais regardons la situation de l’avortement aujourd’hui : le nombre d’avortements ne cesse d’augmenter et la majorité de cette clientèle est la femme entre 20 et 30 ans qui est aux études ou en début de carrière. Un grand nombre de femmes se fait avorter à répétition. L’avortement est devenu un choix, un moyen de contraception. Je ne continue pas sur cet exemple, mais la conclusion, la voici : Peu importe le nombre de personnes qui va pleurer devant le tribunal pour convaincre tout le monde qu’il souffre au point de vouloir mourir, une légalisation de l’acte va apporter plus de problèmes d’éthique que jamais. Un meurtre pour l’héritage? Des soins qui coûtent trop chers? Une personne qui ne veut pas être un fardeau pour la famille? (j’ai l’impression que c’est souvent les proches qui souffrent plus que les malades…) Si le débat concerne davantage les coûts liés aux soins des personnes âgées et à la population vieillissante, eh bien, recommençons à zéro avec les véritables enjeux.

Bref, le débat se passe maintenant, faites-vous entendre! Après il sera trop tard…
Myriam Roberge-Dion

4 commentaires:

Pascal Ouellet a dit…

Eh bien non! Le débat actuel ne concerne aucunement de vouloir assainir les coûts des soins de santé. Malgré les pensées traditionnelles de Stephen Harper, le débat est fondamental et la société québécoise en est rendu là. Les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg ont légiféré en ce sens et les différents cas de suicide assisté font la manchette. Bien sûr, il y a un côté psychologique dans la maladie. En effet, je crois qu'une personne craint de perdre sa dignité, sa personnalité, son identité et de devenir un poids important pour leurs proches.

Mais attention! Il faut concevoir qu'une différence s'impose entre la détresse psychologique d'un jeune suicidaire et notamment, la souffrance mentale d'un individu en phase terminale. Je suis d'accord pour dire qu'une majorité de gens sont contre le suicide. Toutefois, n'est-il pas vrai que cela est un cauchemar pour une personne de voir agoniser un proche qu'il aime profondément? Je suis d'accord pour affirmer «que chaque seconde vaut la peine d'être vécue». Mais, le contexte change d'un cas à l'autre. Permettez -moi de prendre un exemple de ma vie. Mon grand-père maternel, avec qui j'avais une profonde relation, était atteint d'un maladie neurodégénérative le faisant souffrir atrocement. Il se tordait de douleur. Ses lamentations torturaient les membres de la famille qui était à son chevet. Il implorait le Seigneur de venir le chercher afin d'en finir avec cette maladie. Personnellement, je n'aurais en aucun temps évoqué une telle chose en le voyant agoniser.

Dans une telle situation, il appert que le moment de sa mort en est un qui devrait appartenir à chacun. Êtes-vous d'accord pour affirmer que la décision de partir ou non revient à vous? Le gouvernement ne devrait pas s'approprier le droit inaliénable de mourir dans la dignité. Le système actuel tente à tout prix de vous maintenir en vie contre votre volonté intrinsèque. Le Canada prône les libertés individuelles. Ainsi, tout un paradoxe s'impose: le droit de vivre et la liberté de mourir dignement. Malheureusement, ce n'est aucunement avec les idées moralisatrices religieuses de Stephen Harper que l'important débat se poursuivra.

Marion a dit…

Contrairement à Myriam, cette discussion ne me dérange pas. Je crois, comme Pascal, que notre société se doit de se questionner à ce sujet, et de débattre à propos de la législation de l'euthanasie.

Par ailleurs, je crois qu'il faut faire la différence entre le suicide assisté et l'euthanasie, qui sont très différents.

L'euthanasie est le fait qu'un médicament causant le mort soit administré au patient par un médecin, alors que lorsque nous parlons de suicide assisté, il est question de donner à un individu malade les moyens pour mettre fin à ses jours. Il y a donc une énorme différence entre les deux.

Bien que je suis pleinement consciente que les avis puissent être partagés à ce sujet, et que les inquiétudes sont légitimes,je tenais à vous proposer un livre, disponible depuis peu, qui fait état de la situation aux Pays-Bas, où l'euthanasie est légiférée : Mourir, un acte de vie.

Dans la culture néerlandaise, la demande d'une personne d'être euthanasiée suit un très long processus, et doit être faite au moment où son diagnostic est posé. Les membres de la famille doivent être en accord avec cette décision, sans quoi la demande est refusée.

Le livre de Frances Norwood, Mourir, un acte de vie, est très intéressant et permet de faire des constats à propos d'une culture qui apprivoise une nouvelle manière de concevoir la mort moderne.

Dans son livre, Norwood mentionne que le cadre de la mort a changé. La mort subite est de moins en moins fréquente et l'espérance de vie est de plus en plus longue. Alors que la mort change, nos pratiques face à la mort doivent aussi changer. (2010: 17-19)

Ce livre s'avère très intéressant pour quiconque se questionne à ce sujet, qu'il soit en faveur, ou en défaveur du projet.

Bonne lecture!

Norwood, Frances. Mourir, un acte de vie. Québec : Les Presses de l'Université Laval, 338 pages.

Myriam a dit…

Merci beaucoup pour vos interventions. Je crois qu'il est bien de mentionner que la médecine a beaucoup évolué et que des nouvelles situations se présentent à nous. Une nouvelle variable: l'acharnement thérapeutique... Un tout autre débat où les lignes sont très fines...

Mais là où je me questionne, c'est dans la façon de voir la mort. Pour moi, la mort est une étape importante à franchir dans la vie. Je ne veux pas devenir ésotérique, loin de là, mais je cherche juste à relativiser la vie, la mort.

Prenons l'exemple de la chenille qui se transforme en papillon. On peut voir dans la nature plusieurs exemples de renaissance, de passage, de transformation... Juste la naissance d'un bébé est l'exemple parfait: le bébé dans le ventre de la mère doit sentir la fin venir, son existence telle qu'il le connait va être terminée. Il n'a aucune idée que sa naissance va être un début et non une fin, que sa naissance est un mal nécessaire (il parait que naître est très douloureux)...

Là où je veux en venir, c'est que la mort, c'est l'inconnu, mais c'est peut-être aussi une étape vers quelque chose d'autre. Une étape qu'il faut vivre comme une maturation, une préparation nécessaire.

Il n'y a pas de réponse à ce débat. Je ne suis pas sur mon lit de mort à souffrir... Mais ce que je sais, c'est que c'est un moment difficile de la vie et que comme toutes les épreuves de notre vie, on peut en ressortir grandi. Oui, ça doit être difficile pour la famille, oui, ça doit être difficile d'être un poids pour l'autre, difficile pour l'orgueil surtout! On redevient comme un enfant; complétement dépendant.

Val a dit…

Comme Pascal, je suis d'avis qu'il faut bien faire la différence entre une personne gravement malade et une autre qui n'en peut plus de vivre parce qu'elle éprouve de la détresse psychologique. Lorsqu'une personne est atteinte d'une maladie ou d'un handicap qui l'empêche de mettre elle-même fin à ses jours, il faut se poser la question à savoir si l'on souhaite continuer de la voir souffrir ou bien l'aider à mettre fin à ses souffrances afin de nous apporter à tous la paix d'esprit, autant aux membres de la famille qu'à la personne malade.


J'ai dû, moi aussi, regarder mon grand-père et mon oncle mourir à petit feu, tous deux atteints d'un cancer généralisé, et c'est à une chose à laquelle j'aurais préféré ne pas assister. Car bien souvent, la souffrance d'une personne a des répercussions énormes sur la vie de son entourage pour qui c'est aussi difficile de devoir être témoin du "drame" qui se joue.


Je suis d'accord qu'il faut limiter le geste aux seules personnes malades qui voient, de toute façon, leur vie prendre fin de manière longue et douloureuse. En ce qui concerne les personnes suicidaires, je crois qu'il s'agit d'un tout autre débat lorsque celles-ci sont atteintes de maladie mentale qu'il est possible de soigner. Mais il faut cependant savoir que ces dernières souffrent également énormément des problèmes psychologiques qui les affectent car ceux-ci ne peuvent pas toujours être soignés. Comme dans toute chose, il faudra trouver un moyen de départager les cas et de se demander si le désir de mourir est légitime ou non.